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Observations année 2014

2014 - La colombe et la comète

Le passage au méridien au raz de l’horizon d’une constellation m’a toujours fasciné. Pouvoir y observer des astres du Sud à partir de l’hémisphère Nord me parait quelque peu irréel.
Pourtant c’est relativement facile, il suffit d’avoir un horizon bien dégagé sans trop de pollution, atmosphérique ou lumineuse. De ma terrasse orientée du Sud-Est à l’Ouest, les ingrédients sont réunis.
Artignosc est un tout petit village perché du Verdon, son éclairage est suffisamment discret et l’air y est encore bien pur, il n’y a aucun halo autour des luminaires. Ici les étoiles touchent l’horizon. Chaque nuit, depuis la mi-décembre autour de minuit, je guette la constellation de la Colombe. Attirante, c’est elle qui semble nous observer.

Habitant depuis peu un colombier, je me devais d’immortaliser « Sa » constellation.
Dans les atlas, l’image de la colombe ne vole pas toujours dans la même direction, c’est un véritable pigeon voyageur cosmique. J’en ai profité pour orienter selon ma fantaisie l’image de l’oiseau, de toute façon il faut de l’imagination pour discerner un quelconque volatil grâce aux frêles étoiles repères. Seules Alpha COL, Phakt (m=2,65) et Beta COL, Wazn (m=3,10) ont un nom. Pourtant une petite étoile Mu COL (m=5,18) se distingue, il s’agit d’une des trois étoiles dites « évadées », elle se déplace extrêmement vite dans notre Galaxie, (+/- 100 km/s). Les deux autres sont AE AUR et 53 ARI, toutes proviennent de M42 d’où il y a 3 millions d’années une explosion dantesque les a propulsées dans l’espace. Nous retrouvons ici encore cette notion de voyageur…

Cette constellation contient une autre curiosité: un nuage obscur interstellaire, qui voyage aussi. Selon une théorie encore sujette à caution, ce nuage aurait à l’époque de notre ère glaciaire, traversé le système solaire.

En ce début d’hiver 2014-2015 un autre type de voyageur est apparu dans notre constellation, une voyageuse.
Le 25 décembre à minuit, la comète C/2014 Q2 (Lovejoy) est déjà visible à l’œil nu en vision indirecte. Avec une paire de jumelles il n’y a aucun doute et avec mon matériel plus « astronomique », le spectacle est magnifique.
Dans l’aquarelle du paysage, j’ai esquissé la comète au bout de la branche d’olivier tenu par son bec par notre colombe.

Faites glisser la souris sur l'image pour en voir la légende et cliquez dessus pour zoomer.

Avec le matériel dont je dispose et quelque soit le grossissement ou l’ouverture utilisé : 50mm, 100mm ou 300mm le 25 décembre la comète a invariablement la même allure. Ce ne sera que lors de la nuit du 28 au 29 décembre qu’une fine queue sera détectée.

Les croquis sont orientés N au dessus et Est à gauche avec un champ de vision de 1°, ces trois croquis sont réalisés avec le même équipement, une lunette Bresser de 102mm ouvert à f/d 9, avec un oculaire 2 pouces Omégon de 38mm. De gauche à droite, au fur et à mesure de la montée de la comète sur l’horizon on voit le ciel s’obscurcir et la coma grandir. Sur l’image du 20 décembre on aperçoit une étoile légèrement colorée, c’est aussi une double optique, la principale est de classe K. Sur l’image du 28 on aperçoit l’amas globulaire M79 qui semble vraiment petit face à la somptueuse chevelure de Lovejoy.

Le 29 décembre entre 0h30 et 0h55 j’ai enfin pu voir de la couleur et esquisser sa queue qui est si belle dans les photos de mes collègues astro-photographes. Ici le matériel utilisé est un Dobson de 305mm à f/d 5 avec des oculaires 2 pouces de 38mm et 26mm.

Voir Astronomie Magazine de février 2015  Astronomie Magazine 175

Une galaxie test

NGC 891 est une petite galaxie dans la constellation d'Andromède, sa spirale est vue de profil et une bande de poussière peut être détectée.

Je voulais dessiner cette galaxie sans à priori pour pouvoir vérifier l'exactitude de mes relevés. Ceci est très utile lorsque je suis confronté à l'observation en temps réel et non vérifiable d'une comète.
Le télescope de l'OAB est ici aquarellé lorsqu'il était pointé sur la supernova de la Vierge. Voir ci-dessous...

Une supernova dans la constellation de la Vierge

NGC 4666 est une galaxie dont la spirale est vue de profil, qui se trouve à plus de 80 millions d’années lumières de la nôtre. C’est de cette galaxie que partent de fameuses bourrasques cosmiques, ceci est lié à la création de nouvelles étoiles dont notre supernova. Cette galaxie a une magnitude apparente de 11,2 et des dimensions angulaires (4,6’/1,3’), tout ceci nécessite l’utilisation d’un télescope de grand diamètre et d’un bon ciel.

La supernova nommée asas-sn-14LP, a été découverte par le système automatique (ASAS) le 9 décembre à partir de l’île d’Hawaï.
Autre difficulté: l’étoile se trouve à seulement 12 secondes d'arc du brillant centre galactique.
Il y a encore peu d’estimation de sa magnitude, lors de notre observation nous l’avons estimée à 11,2 +/-0,1, en utilisant les cartes spéciales de l’AAVSO.

Le 30 décembre 2014, ce croquis a été choisi par :  Astronomy Sketch Of the Day

Vue du Colombier, une comète dans la constellation de la Colombe

La Colombe ! Voici une constellation australe qui fait du rase mottes. Evidement elle est bien placée à partir d’un colombier… En cherchant aux jumelles, à travers les faibles lueurs du village d’Artignosc, j’ai pu assez aisément dénicher cette nouvelle comète découverte récement par Terry Lovejoy. Bienqu'elle n'a pas encore de jolie queue, elle nous promet de belles aventures pour cet hiver !

Dessin réalisé entre 1h30 et 1h45 avec ma lunette 102/1000.
En regardant bien l’étoile repère brillante HIP30444 qui est une fausse double, vous détecterez comme moi la couleur orangée de sa famille (K), il est bien mon nouvel oculaire de 38mm!

Une bien mystérieuse planète

C’est peut-être parce que j’aime bien utiliser ce grand télescope, ou alors c’est parce que j’aime les difficultés mais ce ne était certainement pas la meilleure combinaison optique pour cette observation.

Ce 11 décembre, j’ai fini par trouver un coin de ciel pur au dessus du réflecteur de 24 pouces réalisé par Olivier Planchon. Pour observer Uranus, l’ouverture est certainement trop élevée: f/d 3,3, nous avons donc dû utiliser des oculaires à très courte focale pour atteindre le grossissement utile (Nagler 3,7 et 2,5)!.
Si vous regardez mon aquarelle vous pouvez voir une sorte de chevelure de comète un peu allongée qui diffuse autour de la planète, c’est très exactement la façon dont nous avions vu l’image dans le champ, c’est probablement quelque chose qui est lié à une collimation qui n’est pas précise à 100%, mais quand même. J’ai comme l’impression que collimater ces gros tubes, ce n’est pas une mince affaire, à l’observatoire Urania d’Anvers, ils ont le même problème sur leur nouveau RC 500.

Pour faire cette aquarelle j’ai réalisé plusieurs croquis sur place et achevé en utilisant la technique d’inversion en atelier pour atteindre les couleurs souhaitées.
Toutefois, nous pouvons dire deux choses:
1- Nous avons observé trois des satellites d’Uranus, Obéron, Titania et Ariel ce dernier étant un peu perdu dans les lumières de la planète
2- le disque de la planète n’était pas homogène comme on le voit dans une petite lunette ou sur certaines images. C’est très difficile à confirmer mais une zone diffuse plus claire a été observée dans la haute atmosphère d’Uranus, est-ce un artefact, je ne sais pas? Quoi qu'il en soit la direction principale de la zone claire est perpendiculaire à la direction des bandes nuageuses d'Uranus.

Après avoir regardé le tableau de prévision du temps de transit de la tempête qui sévit là-bas pour l’instant, la formation devait passer au méridien 07h30 avant ou 9h après notre observation. Est-ce du à un très grand taux de dérive, notre imagination galopante, l’effet d’une collimation du type "peu mieux faire" ? ou un méchant artefact? C’est une affaire à suivre.

Le 25 décembre 2014, cette aquarelle a été choisie par :  Astronomy Sketch Of the Day

Malgré les prévisions, le soleil est toujours actif

Et c'est reparti, la tache pour son second tour se "nomme" 2209, toujours visible à l’œil nu. C'est la première fois que je vois une tache visible à l’œil nu durant plus d'une rotation solaire. Les aurores polaires sont d’ailleurs à la hauteur !

Au dessus il s'agit d'une aquarelle réalisée à l'oeil nu à travers des lunettes pour éclipse.
Le croquis de la tache a été réalisé sur papier à grain fin blanc, crayon HB et estompe.

Le 20 novembre 2014, cette aquarelle a été choisie par :  Astronomy Sketch Of the Day


Trigonométrie artistique pour la tache solaire géante AR2209

À propos de cette tache très graphique AR2209, j’ai fait un exercice un peu spécial.
Pendant un quart de rotation, soit six jours consécutifs, vers midi, j’ai esquissé la zone intéressante.
Pour éviter l’effet de perspective de mes derniers croquis, j’ai augmenté la dimension horizontale de la zone. En d'autres termes j’ai adapté la taille de la longitude en fonction du méridien tout en laissant inchangée la dimension de la latitude. Ici la trigonométrie a aidé la touche artistique.

Sur ma page vous trouverez en haut à droite les 6 photos prises par la sonde SDO avec une superposition des coordonnées géographiques. En arrière plan vous pouvez deviner quelques extraits des brouillons qui m’ont permis d'appliquer les corrections à mes croquis. En bas ce sont mes six croquis dans des couleurs jaunes.
L'observation a été faite en lumière blanche à partir de ma terrasse. Ma lunette Bresser Messier 102/1000 était équipée d’un filtre objectif, le choix de l’oculaire a été fait en fonction des conditions atmosphériques parfois assez difficiles de cette fin novembre 2014.

PS: Jef, un ami d'outre Quiévrain m'a signalé une erreur dans la numérotation de cette tache, il s'agit de 2209 et non 2214. Merci pour sa vigilance !

Voir Astrosurf de janvier 2015 : Astrosurf Magazine 72

Le Cintre

L'astérisme du Cintre
Un astérisme est une espèce de mini constellation incluse dans une constellation classique. Ici nous sommes dans la constellation du Petit Renard.
J'ai sèché sur le cintre (...) Le champ du T620 n'est qu'un peu plus que la dimension de la Lune et cet astérisme a 90' de long. J'ai donc dû dessiner en cadrant plusieurs fois.

Le croquis original a été réalisé sur papier à grain fin blanc, crayon HB et estompe plus crayons aquarellables pour les teintes de certaines étoiles froides.
Il est conseillé d'agrandir l'image pour retrouver les deux étoiles rouge orangées, pour cela il suffit comme souvent ici de cliquer sur l'image.

Saturne joue avec la Lune

Ce soir Saturne joue à cache-cache.
La visite de mon ami Jean Bourgeois coïncidait avec l’occultation de Saturne par une toute jeune Lune. Jean a accompagné mes débuts en astronomie, nous avions beaucoup crapahuté sur des terrains boueux du nord de la France aux Pays-Bas pour traquer des appulses, ces occultations rasantes d’étoiles par la Lune.
Jean étant un spécialiste de l’astronomie de position, il a donc sorti son matériel pour relever les différents tops des contacts lors de la réapparition de Saturne.
De mon coté j'ai sorti mon attirail du petit dessinateur, bref deux set-ups complètement hors de l'astrophoto, nous sommes bizarres hein !?

Il voulait enregistrer le passage de la division de Cassini mais les contrails, ces trainées d'avion, en ont voulu autrement. Il s’est donc contenté des deux tops des anneaux et de ceux la sphère saturnienne.
Jean est aussi un alpiniste de renom, son dernier livre est une merveille. « En Quête de plus grand » où il fait même une jolie part à l’astronomie.
Il a aujourd’hui 76 ans.
Croquis de la réapparition de Saturne:

Le croquis original a été réalisé sur papier à grain fin blanc, crayon HB et estompe.

Le 29 octobre 2014, cette aquarelle a été choisie par :  Astronomy Sketch Of the Day

Voici le paysage général vu de notre terrasse qui est bien orientée pour les couchers de planètes.

Monstre solaire

Et voilà, c'est malin, ça a pété !
On le savait, on avait prévenu.
Il nous réserve encore de belles surprises ce soleil de fin de cycle.
Un pulse ultraviolet bref mais violent accompagné d'une émission de rayons X s'est dégagé de cette tache. Les grosses taches produisent de grosses explosions, la tache AR2192 ne fait pas exception à cette règle. Ce phénomène a provoqué une courte interruption des émissions radio (HF) en Australie et en Asie. Les aurores pourraient peut-être êtres intéressantes, je rêve d'en apercevoir d'ici en Provence.
Il y a déjà eu 2 éruptions de classe X et 8 de classe M, la plus forte a eu lieu le 22 octobre et était de la catégorie X1,6. Le 23 il y a 95% d'avoir encore des éruptions de classe M et 55% de classe X, c'est un record. Une affaire à suivre.

Le croquis original a été réalisé sur papier à grain fin blanc, crayon HB et estompe.

Si la nuit tous les chats sont gris, son œil ne l'était pas.

Cette nébuleuse planétaire appelée « l’œil de chat » est dans la constellation du Dragon. Aussi appelée NGC 6543 c’est un des objets les plus exotiques qui soit. À plus de 3000 années-lumière d’ici, peut-être même 4 ou 5000, cette distance reste en effet à confirmer. Calculer des distances de nébuleuses planétaires, sans référence, c'est extrêmement aléatoire. Le centre de cette nébuleuse est une étoile du type O qui a atteint la fin de sa vie pour se transformer logiquement en naine blanche. Elle aurait, et cela reste encore une fois à confirmer, éjecté un nuage de plasma tous le 1500 ans, un peu comme le ressac sur une plage du nord par temps calme. C'est ce que montreraient ces espèces d'anneaux concentriques un peu ovalisés que l’on observe à bonne distance de la nébuleuse. L'anneau le plus externe date de 60'000 ans, le plus central de 10 siècles. Elle fut découverte par William Herschel en 1786. Il y a 1000 ans (en temps local, c'est-à-dire si vous habitiez un lieu proche de l'étoile, rajoutez 3, 4 ou 5000 années), une dernière forte explosion, une méga éjection de masse coronale, à créé ce coquillage à la forme très spéciale. Une fois de plus cela reste à confirmer, mais il y a peut-être une seconde étoile qui danserait de concert avec l'étoile centrale. On aurait là la vision de la fin d'une étoile double? Peut-être même que l’étoile secondaire graviterait au sein de l’étoile la plus grosse.
Toutes ces énigmes m'ont poussé à tenter son observation. Mais c'est que, sans un télescope à la hauteur du défi, c'était un peu peine perdue. Une magnitude apparente d'à peine 8.8 ne faciliter pas la recherche dans un petit diamètre, il y a tant d'étoiles....
Je me suis branché sur le 24 pouces, ouvert à f3.3 d'Olivier Planchon. Juste après un nettoyage du miroir principal et une collimation de choc. C'était le bon moment.

  
Pour agrandir l'image, cliquez dessus.

Pour réaliser ce croquis, toujours sans GoTo, fidèle à mon habitude, il a fallu un peu de temps. La recherche de l'objet est compliquée de par sa taille, 16" seulement pour la partie brillante, c’est vraiment très petit, à peine plus étalé qu'une étoile, mais 5' d’arc pour ses anneaux externes les plus éloignés et invisibles à l’oeil. Sa position n'aide pas non plus, une monture à fourche de la masse et de la taille de celle utilisée est compliquée à pointer lorsque l'objet est proche du pôle nord équatorial. Par pure coïncidence notre nébuleuse est sur l'axe du pôle nord de l'écliptique, à 1,5° de l'axe du plan invariable de notre système solaire. Ensuite entre les heures passées à attendre, entre les nuées scélérates de cette pénible saison 2014 et les réglages d'un Paracorr 2 avec lequel je me suis,... un peu pris la tête. Voici qu'après trois belles nuits sans lune et sans animations, et après un mois de persévérance, j'ai pu l'appréhender comme cet objet le méritait. Dix minutes après la fin de mon croquis, les voiles étaient de retour. Olivier n'a eu que le temps d'apercevoir l'étoile centrale de magnitude 11, avant ce nouveau black-out. Mais, ouf, mon croquis était enfin terminé. Merci Olivier !

Dessiner cette nébuleuse était un réel challenge. L'étoile centrale est une étoile de type Wolf-Rayet très chaude et donc bleue, elle a atteint son stade où ce n'est plus l'hydrogène qui est l'élément prépondérant mais l'oxygène. L’oxygène émet plutôt dans la couleur vert-bleu. Le résultat nous fait voir une sorte de coquille dense de couleur bleu-cyan clair assez caractéristique de ces nébuleuses planétaires. Ayant observé Uranus juste avant, j’ai pu facilement comparer les deux lumières, la couleur d’Uranus est nettement moins bleue, plus turquoise que le cyan clair de cet objet.

La compostion à droite est l'oeuvre de Michel Lefèvre, notre astro-photographe de référence à AstroProvence. Il a réussi à combiner mon croquis avec une photo ou l'on voit les anneaux externes de la nébuleuse. Une prouesse. Merci Michel !

Revenons à mon croquis, j'ai utilisé les combinaisons suivantes. Un filtre OIII pour sortir les contrastes. Sous un grossissement de 240X et ce filtre on observe très bien l’assombrissement du centre de la nébuleuse mais on perd l’étoile centrale en vision directe. Avec un grossissement identique mais sans le filtre on arrive aisément à « sortir » l'étoile centrale, nous sommes même un peu éblouis par la lumière de la nébuleuse. Un grossissement de 120X permet d’observer une ou deux des structures annulaires extérieures. Un grossissement de 550x m’a permis de discerner un des deux jets qui prolongent l’ellipse de base.
Pour info, l'étoile la plus faible dessinée dans ce champ est de magnitude apparente égale à 14.5.


Comme toujours je ne m’applique pas pour réaliser le croquis qui sera techniquement le plus ressemblant à un cliché. Je ne m’inspire pas non plus des superbes photos faites de ces objets, autant faire une photo. Je veux reproduire ce que je vois, sans jamais faire confiance à ma mémoire. Au bout de mon œil, c’est ma main qui doit faire le travail.
Après l’observation, de retour à l’atelier je me dis souvent, tiens, ça j’aurais pu le voir, ça j’aurais dû le dessiner.
Si vous saviez les heures de recherche que j’ai passé à dépouiller mes croquis… Tiens cette étoile doit être variable, je ne l’ai pas vue, tiens ce cratère est plus bas, il doit être dans l’ombre de celui-là etc…

J’ai déjà eu beaucoup de surprises comme ça, toujours passionnantes, un jour peut-être je vous en parlerai, ou mieux, durant une belle nuit bien noire sur le terrain.

Le croquis original a été réalisé sur papier à grain fin blanc 220gr, crayon HB, estompe et aquarelle. Traitement sous Paint.net pour l'inversion des valeurs.

Le 20 octobre 2014, cette aquarelle a été choisie par :  Astronomy Sketch Of the Day

Les cratères Caroline et William Herschel

Le premier Octobre le cratère Herschel était bien visible, attention, on parle ici de celui de William. Il ne faut pas confondre avec tous les cratères creusés dans le système solaire et auxquels on a donné ce nom.
Comme celui de John Herschel qui a 165km ni celui de Caroline Herschel qui n’en a que 13, tous les deux situés sur la Lune.  Sur Mars il y en a un de 305 km de diamètre et sur Mimas un satellite de Saturne, on ne voit que lui, avec ses 139 km pour un astre qui n’a que 396 km de diamètre.

Revenons à notre petit cratère William Herschel, il n’a que 41 km de diamètre mais se trouve presque au centre de notre Lune, on dirait la marque laissé par une pointe de compas.  Lors du premier ou du dernier quartier il est donc joli à croquer.  Sa profondeur est quand même de 3800 mètres !  Ramené à la dimension de la Terre il aurait 300 km de diamètre pour une caldeira de 28 km de profondeur, un trou de rêve pour les delta-planes.  Alors, forcément lors des deux quartiers, le fond est totalement dans l’ombre.

J’ai croqué la zone en utilisant ma lunette 102/1000 et un oculaire Nagler de 2,5 mm pour un grossissement de 400x.  Le plus petit cratère dessiné ici n'a que 1500 mètres de diamètre.
En même temps Olivier a testé une nouvelle bague pour APN au foyer de son télescope en photographiant la Lune en une seule prise de 1/250° de seconde.  La photo de ce premier quartier est très nette, j’ai aimé jouer avec le curseur de saturation pour en faire sortir les couleurs cachées dans le gris, il est facile de retrouver les zones riches en oxyde de titane ou de fer ainsi que d’olivine ou de magnésium.  Toutes ces couleurs qui attestent de la nature du sol.  

J’ai fait ici un crop magistral de sa photo pour cadrer la même zone, pour aggrandiur mon croquis cliquez sur l'image ci-dessous :

N'oublions pas que c'est une toute petite partie de l'image lunaire, même pas 1% de la surface totale. Entre nous soit dit, avec quelques prises supplémentaires sa lune promet ! Allez, ce soir on y retourne, Olivier à la caméra et moi au crayon-papier.

Alors cette nuit du 3 octobre, rendons à Caroline ce qui appartient à Herschel, voici le croquis réalisé avec la même lunette 102/1000 et un oculaire de 2,5 mm vers 19h40 heure du Verdon. Soit 45 minutes de dessin sur papier noir et pastel gras principalement gris, parfois blanc et même noir de différentes duretés pour quelques rehauts.

J'aime bien ces zones lunaires vierges, il y a peu d'impact à dessiner mais on est quand même bien sur la Lune. Les deux cratères du dessus sont, de gauche à droite, appelés Helicon (25 km) et Le Verrier (20 km).
Le croissant tout blanc du croquis zoomé correspond au bord Est du cratère nommé Caroline Herschel. Caroline était l’assistante et sœur de l’astronome William Herschel, le découvreur d’Uranus. Caroline n’était pas qu’assistante, elle a découvert à elle seule 8 comètes ! Très injustement son cratère n’a que 13 km.
NB : Ce qu'il n'est pas possible de faire en photo, je l'ai ici effrontément croqué plus grand qu'il n'est ... non mais !

J’ai à nouveau fait un crop de la photo d'Olivier pour cadrer la même zone, pour aggrandir mon croquis complet, cliquez sur l'image ci-dessous :

Nos images sont centrées sur le mont la Hire. Ce massif isolé mesure 25x11 km pour une altitude de 1500 m.
Il s'agit probablement d'un résidu des hautes terres sous-jacentes qui a été submergé par la lave qui s'est répandue lors de l'impact qui a formé la mare Imbrium.

Soleil de fin de cycle

Quel mauvais temps! Même le jour de la nuit se transforme en jour de la pluie, quelle saison.
Mais ici autour du Verdon on ne se plaint pas, voici quelques sessions de croquis solaire pour vous prouver qu'il est encore bien là !
Les deux croquis sont faits en 30 minutes, vers 15h30 TU le 19 et le 20 septembre à la même heure, avec ma mini-Lunt35T et un oculaire SWA de 10mm.
Les dessins sont redressés Nord au dessus Ouest à gauche. Les protubérances qui se lèvent sont diablement jolies et regroupées autour de l'équateur, comme il se doit en fin de cycle.

Les croquis originaux sont réalisés sur papier à grain fin blanc, crayon HB et estompe. Traitement sous Paint.net par calques de couleur.

Ce croquis a été choisi par :  Astronomy Sketch Of the Day  le 29 septembre 2014

Le 21 septembre, il fallait s'y attendre, ces protubérances garantissaient presque à coup sûr une apparition de belles taches. J'ai donc lâché ma mini-Lunt pour une lunette 102/1000 et un oculaire Delos 10mm, le tout précédé d'un filtre objectif neutre en verre.
Voici en lumière blanche ces groupes de taches qui apparaissent à gauche de mon croquis. L'orientation est la même que pour les deux images en H alpha.

 

Sur le disque complet du Soleil à gauche on reconnaît les deux taches isolées visibles en H alpha et en lumière blanche qui voguent vers l'Est. La vue agrandie du groupe AR2172 montrée à droite, donne la taille de notre petite planète à l'échelle de notre petite étoile.

Cratère Hecataeus

Ce cratère de 127 km de diamètre du type « plaine murée ».
Avec une longitude de 79° Est, il n’est visible que lors d’une libration relativement favorable comme celle de ce matin : 4° de mieux juste à la latitude pointée.
J’ai bien aimé la vue de cette longue crête ou le soleil couchant ne dévoile plus que le sommet. Les petites taches blanches isolées en dessous d'Hecataéus sont des sommets du massif montagneux qui parsème le fond complexe du cratère Humboldt.

Avec ma lunette Bresser 102/1000 et un oculaire Omégon de 5mm pour un grossissement de 200x la surface lunaire était encore trop éblouissante. Pour rechercher les contrastes fins j’ai essayé un filtre vert (n°58 série 5000 de Meade) conseillé par Vincent. La vue est beaucoup plus confortable qu’avec un filtre gris, ce dernier filtrant trop peu.

Croquis fait avec des crayons craie (pastel secs) blancs, noir et gris sur papier noir à grain très fin, l’estompe est ici bien usée.

Soleil - 7 septembre

SDO revisité

Toujours dans le cadre de mes réalisations exotiques,...cette journée là, il y avait un soleil encore très actif. Le croquis a été réalisé entre les paquets de nuages au crayon papier HB sur Canson 200gr et estompe. Les protubérances étaient toutes très différentes les unes des autres. Étrangement il y avait une grande formation intéressante au pôle sud de notre étoile. Sur la composition les points cardinaux sont respectés W à gauche et N au dessus.

Et voilà SDO revisité, je n'arrivait pas à me décider à propos des couleurs, alors j'ai tout pris en les exagérant et j'ai même ajouté le bleu du calcium. La seule vue "scientifiquement correcte" est celle en noir et blanc.

InOMN 2014 - 6 septembre

La journée internationale d'observation lunaire

La cible que j'avais choisie était le cratère Aristarque, superbement éclairé en cette lunaison. Quelques années auparavant mon copain Apilaure avait imagé cette région avec à peu près le même éclairage.

L'écoulement d'Hérodote était très visible lors de mon observation, très vite cet écoulement se fond dans ce qu'on appelle le Cobra qu'on voit beaucoup mieux sur ta photo. Par contre le dôme situé au dessus de la vallée Nord est bien visible sur nos deux images, et le dôme centré au milieu de la vallée de Schröter est tout juste visible comme une petite zone claire sur nos deux images également.

Une autre comparasion montre l'effet des ombres sur les reliefs lunaires. Le 10 au petit matin j'ai dessiné la même zone avec le même matériel, optique et croquis.

Comme pour le cratère Hecataeus croqué la même nuit, j'ai utilisé un bon filtre vert, sans celui-là, je me brûlait les ailes des yeux... Ce matin là, sur la région d'Aristote, il n'y a quasi plus rien à imager, plus d'ombre visible, le soleil écrasait les reliefs jusqu'à remplir le fond de cette vallée.

Une lointaine Saturne

... et quelques-unes de ses lunes

Faites glisser la souris sur l'image pour en voir la légende et cliquez dessus pour zoomer.


Ma dixième comète depuis notre installation en Provence : Oukaimeden

Une autre jolie comète pointe son nez, juste pour quelques jours avant qu'elle ne passe dans l'autre hémisphère, c'est C/2013 V5 (Oukaimeden) elle fut découverte par Michel Ory à l’observatoire Oukaimeden au Maroc le 15 novembre 2013.
Pour tenter de l'apercevoir il fallait un horizon bien dégagé à l'Est, j'étais donc tôt (4:30) dans un champ de lavande (pas vu mais senti ) du plateau de Valensole, à 2 km de chez moi.
Oukaimeden, entre Procyon et Sirius dans la Licorne, est à peine moins brillante que Jacques et montre une petite queue de poussières. J'estime sa magnitude à 7.5 mais sans certitude aucune. Jacques quant à elle, continue à se dissoudre à côté de Deneb.

Cliquez sur l'image pour zoomer.


Rencontre au sommet

La comète C/2014 E2 Jacques au plus près de l'étoile grenat, mu Céphée

Le contraste des couleurs était juste incroyable, le rouge de l'étoile évidement mais aussi ce bleu très très clair que j'arrive difficilement à discerner pour Jacques, une couleur de Voie Lactée... bien loin du vert des photos actuelles.

Pour rester dans les tons rouges, c'est cette étoile mu Cep, variable par ailleurs, qui joue le rôle de notre Polaire, ... sur Mars.

Langrenus

Le cratère Langrenus

Ce soir du 29 août, dans la clarté du couchant, je suis allé promener ma lunette autour d’un joli cratère. Juste après la nouvelle Lune, j’ai passé un bon moment en attendant l’observation des planètes Saturne et Mars. Dans la clarté du crépuscule j'ai eu l'occasion d'observer des cratères près du limbe lunaire oriental. Un de ces cratères, celui que j'ai choisi pour le dessin, est le cratère Langrenus, il se situe sur la rive orientale de la mer de la Fécondité. Avec un terminateur à quelques centaines de kilomètres de là, le système de rayons était facilement discernable à travers la Mer de la Fécondité vers l'Ouest. Ce cratère Langrenus a un diamètre d'environ 132 kilomètres et date de la période appelée « Ératosthénien ». Ses murailles, avec de beaux remparts à terrasses, ont plusieurs kilomètres de hauteur, et il dévoile une jolie paire de sommets centraux s'élevant à plus d'un kilomètre au-dessus du fond. On voit aisément les ombres de ces deux pics centraux portées sur le sol clair du cratère. Au-delà du cratère au nord-ouest, le trio des cratères d'Atwood (30 km), Naonobu (35 km) et Bilharz (43 km) est suffisamment remarquable pour ne pas être croqué.

Langrenus (Michel van Langren) doit son nom à un ingénieur et mathématicien belge 1600-1675 qui a donné quelques premiers noms de formation lunaires.
Pour ce croquis, j'ai utilisé du papier noir à grain extra-fin, des crayons et des craies pastel secs de marque Conté, blancs, gris et noirs. Télescope : Réfracteur de 4 pouces f/9.8 Bresser et un oculaire Delos 10mm = x100. Température estivale : 20° C (68° F)

Pour donner une idée de la dimension de certains de mes originaux voici le même cratère réalisé juste avant celui sur fond noir, mais en mode classique: crayon papier HB, estompe sur papier Canson blanc:

L'échelle est en cm.

Retour sur la comète

La comète C/2014-E2 (Jacques) est au plus près de la terre

Voici les croquis réalisés avec le gros télescope de l'OAB les 25 et 28 août.

La première aquarelle astro en 3D, et même 4D...

Depuis longtemps j’avais un rêve : atteindre la troisième dimension, en aquarelle et via une paire de lunettes anaglyphes 3D (cyan-rouge).
C’est une première, et en cette nuit très spéciale, le sujet pointé sera une comète. Pour l’ambiance de l’observation, je choisis deux vues à l’aquarelle classique, l’une pour le télescope et l'autre pour le paysage ... Il suffira de fusionner l’ensemble des aquarelles et croquis en réalisant des glissements subtils pour les assembler en une image stéréo.

Avec nos croquis et nos photos astronomiques nous nous cantonnons dans la 2D, les deux dimensions de nos papiers. Je prépare la troisième dimension, mais tant qu’à faire,… ce soir je veux atteindre une quatrième dimension, celle du temps! Aujourd'hui, à Varages, c’est la 4ème fête annuelle de l’astronomie organisée par l’association AAP (Association Astronomie en Provence). C’est le bon moment pour mettre en application ce projet! D’autant plus qu’un autre événement se prépare, on déploie à l’air libre une vénérable antiquité. L’événement est marquant : présenter au nombreux public l’antique lunette géante, et surtout émouvoir en l’utilisant pour pointer des objets mythiques du ciel : Saturne, le double amas de Persée, Jacques, la comète du moment. … Quel succès !

Faites glisser la souris sur l'image pour la voir apparaître en anaglyphe. Pour voir l'effet 3D de la deuxième image, vous devez utiliser des lunettes anaglyphes, cyan et rouge.

Observer comme en 1830 Cette lunette de marque Lautter, a été construite en 1830! La lunette et sa splendide monture tout en bois, équipée de chaînes et manivelles, n’est pas une copie mais bien une authentique lunette du début du XIXème siècle. En l'an 1830, la comète Jacques était encore à l’autre bout du système solaire. Pour fixer l’époque, en cette même année, nous venions d’inventer la photographie ainsi que le chemin de fer ; la Belgique, n'existait pas encore, les villes de Miami aux USA et de Victoria au Canada non plus.
Mon aquarelle met en scène la monture originale et la vieille lunette de 2m70. JL, le propriétaire de l’objet sensationnel, me réservera près de 15 minutes de « temps d'oculaire » pour esquisser la comète Jacques sous les yeux intrigués des nombreux visiteurs qui attendaient patiemment leur tour pour observer cette jolie comète.
Cette lunette a un diamètre de 180 mm et est ouverte à 15. L’oculaire utilisé donne un grossissement de 67X. Le temps relevé pour la fin de mon croquis était 21h45 UTC.

Cette aquarelle a été choisie par :  Astronomy Sketch Of the Day  le 30 août 2014

Conjonction Jupiter-Vénus

Les deux planètes les plus brillantes du système solaire

Ce matin, levé à 4h30, 10 minutes en voiture et 15 minutes à pieds pour atteindre Notre Dame de la Garde de Baudinard à 710m d'altitude. Il y a de là une vue superbe vers l'orient et le lever de nos astres, mais aussi la chaîne de montagne des pré-alpes, les villages perchés et le lac de Sainte-Croix.
Il y avait un peu trop de nuages, quoiqu'ils restent graphiques...

Faites glisser la souris sur l'image pour en voir la légende et cliquez dessus pour zoomer.

J'ai également réalisé un petit timelapse jusqu'au lever du Soleil. C'est à voir via l'onglet Vidéo ci-dessus

Observation au T620 de l'Observatoire Astronomique de Bauduen

J'avais l'OAB pour moi tout seul cette nuit du 16 août et j'avais bien décidé d'en profiter.
En dehors de la galaxie M101 que je souhaitait représenter mais encore trop basse pour être dessinée, voici les deux observations principales réalisées cette nuit :

La nébuleuse planétaire M57 de la Lyre

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Et la comète du moment C/2014 E2 Jacques

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Lors des époques proche du maximum d'activité d'un essaim j'ai souvent, comme cette nuit, eu l'occasion de voir passer furtivement des météores dans le champ de vision. Ces météores sont connus sous le nom de TELESCOPIC METEORS. Il est extrêmement difficile d'en déterminer la vitesse, l'essaim, leur couleur et magnitude.
Ici elles font partie d'un joli spectacle ou l'on combine l'origine cométaire des poussières météoritiques et leur disparition en étoile filante dans notre atmosphère. Voyez ci-dessous une petite animation qui montre la rapidité de ce type d'apparition :

animation

Août sont les événements astro ? où ont lieu les animations ?

Le mois d'août est toujours riche en animation astro.
Voici quelques vues prises sur le tas, faites lors d'animations astronomiques en août 2014 en Provence.
La nuit des étoiles à Rognes le 1er août, la nuit des étoiles à La Blaque le 3 août, lumières dans l'azur le 12 août à Saint-Raphaël.

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La comète Jacques - C/2014 E2

Le matin du 27 juillet j’ai observé la comète C/2014 E2 Jacques de 3h50 à 4h40 en temps d’ici.
C’était sur un joli terrain sans aucune lumière gênante en vue, en bordure du Verdon. La comète était très facile à attraper, juste à coté de l’amas ouvert NGC 1893 dans le Cocher.
Cet amas est peuplé d’étoiles très jeunes majoritairement de type O, il naît encore beaucoup d’étoiles dans cette zone.

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Les trois dessins ont été croqués en séquence pour profiter de la nuit encore noire juste avant l’aube et le lever de Vénus. Avec le Dobson 12 pouces à f5 j’ai utilisé les oculaires Delos 10mm pour 150x avec un FOV confortable et un 40mm pour grossir 37,5x.
- A 37,5x la comète Jacques ressemble à un petit M13 bien rond. On comprend bien pourquoi ce cher Messier avait numéroté les nébuleuses, il évitait alors de les confondre avec les comètes tant recherchées.

- A 150x, elle reste très lumineuse, j’ai eu du mal à comparer son éclat avec une étoile proche mais j’ai estimé sa magnitude entre 6,5 et 7,0 – ça reste à confirmer. Malgré un ciel superbe, je ne vois pas de queue, alors que je sais (ayant vu de formidables photos réalisées avec des petits objectifs) qu’elle en possède deux, une queue de poussière réduite à la limite de la chevelure et une très longue queue de plasma rectiligne. Mon œil arrive juste à deviner une petite asymétrie du noyau par rapport à la coma, une forme qui la fait un peu ressembler à un obus, sans doute la signature de la queue de poussière. Les petites lumières rouges sont celles des antennes de Radio Monte-Carlo à Riez, elles ont 320m de haut et se situent à plus de 10km de notre terrain.

Conjonction Lune-Mars-Saturne

Saute-mouton d’humeur…

Du 4 au 8 juillet la Lune a joué à saute-mouton. D'un point de vue purement astronomique elle nous a proposé quelques belles conjonctions, Mars, Spica et puis Saturne. Par contre le jeu s'est un peu compliqué avec les nuages qui se sont intercalés. Quelle saison !
Le 5 juillet, la Lune était encore bien visible derrière de gros nuages. Le lendemain, je n'ai même pas pu la deviner, à l'heure de ma « prise d'œil », j'ai dû inventer le ciel. Le 7 juillet, lorsque la Lune déjà un peu gibbeuse approchait de Saturne, les nuages sont revenus gâcher la magie du moment. J’en ai un peu marre de ce temps, et je pense n’être pas le seul !
L’avantage de l’astro-artiste sur l’astro-photographe est que le premier peut compléter son dessin. Cette fois-ci j’ai ajouté la vue qui manquait à ma série lunaire. Et pour immortaliser ces maudits nuages, j’ai peint un lavis vaporeux autour de la Lune comme c’était le cas le 5 juillet.

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Le petit village perché qui a servi de scène à mon avant-plan a pour nom Artignosc-sur-Verdon. J’avoue être assez gâté par cette vue. Artignosc se situe juste à mi chemin de deux spots désormais bien connus des astronomes amateurs, L’observatoire de La Blaque à Varages et celui de Bauduen, l’OAB. Et puisque nous sommes malgré tout en Provence, croyez-moi au-dessus des nuages le ciel y est bien noir! ... Quand même, quelle saison !
Pour faire cette aquarelle, je suis sorti sur ma terrasse vers dix heures chaque soir, parfois avant l’orage, parfois après et une fois pendant, on est passionné ou on ne l’est pas. Chaque fois j’ai ébauché quelques croquis à la va vite, et pris deux ou trois photos qui même floues me permettent de mémoriser les pourtours, les teintes et leurs ombres. A l’atelier, j’ai commencé par réunir les différentes positions des astres et leurs emplacements par rapport au village. En moins d’une semaine, seule la course sélène était digne d’intérêt, Mars et Saturne sont bien plus calmes devant les étoiles. Ensuite j’ai réalisé en mode inversé (teintes et contrastes) l’aquarelle d’un seul jet. Il m'a suffit alors de digitaliser ma feuille et d'en inverser les couleurs.

Cette aquarelle a été choisie par :  Astronomy Sketch Of the Day  le 24 juillet 2014

Un Soleil plein de taches le 6 et actif en H alpha le 11 juillet

Aujourd'hui 6 juillet, la surface solaire était pleine de taches. Voici mon croquis à gauche (lunette 102/1000, filtre objectif en verre, oculaire 21mm = 48x)

Faites glisser la souris sur l'image pour en voir la légende et cliquez dessus pour zoomer.

   

En lumière H alpha elle reste très discrète notre petite étoile, mais en lumière blanche whaw ! Le nombre de Wolf calculé par spaceweather était de 213 aujourd'hui (il faut le multiplier par 0,6 pour obtenir la valeur corrigée soit 128), le SIDC qui est la référence obtient 155 mes comptages donnent 152, pas mal pour un amateur non? En outre, la différence s'explique par le moment de l'observation, 8h au SIDC et 14h à Artignosc. Entre Spaceweather et SIDC il y a un facteur correctif qui entre en ligne de compte et pour lequel je m’arrache mes cheveux blancs... Ce facteur correctif dépend de tellement de choses qu'il est super compliqué à obtenir.
J'ai donc pris le taureau par les cornes et j'ai écrit au SIDC, voici quelques extraits de la réponse reçue :

...Le site SpaceWeather américain reprend le nombre brut provenant d'une seule station, Boulder, où se trouve le NOAA. La barre d'erreur est ici beaucoup plus grande. Néanmoins, tu vois que les deux valeurs sont assez compatibles, après suppression du facteur 0.6 conventionnel.
Pour la station d'Uccle, nous avons un coefficient k moyen (qui ramène les observations brutes d'une station au niveau moyen du nombre international) d'environ 0.8, soit 155*0.8= 124. Donc, ce jour-là on était un peu en-dessous de notre moyenne (il aurait fallut une valeur brute de 173, donnant alors 173*0.8=138).
A 152, ton décompte n'est pas loin du nôtre en effet. Donc, ton k personnel était de 138/152=0.91, ce jour-là....
Frédéric Clette, Astrophysicien (ORB), Directeur du World Data Service "Sunspot Index".


Le 11 juillet c'est l'inverse du 6, la surface solaire a moins de taches et la couronne solaire est plus active. Voici mon croquis (à droite ) avec ma mini-Lunt 35mm, filtre H-alpha, oculaire 10mm = 50x.

Ici j'ai inventé (et essayé) une nouvelle technique qui utilise un calque papier uniquement pour les zones faculaires, j'assemble les deux disques après scan. Ca me permet de dessiner finement ces zones brillantes sans les estomper par le travail de la surface.

Le jour du Soleil, un événement international à Varages

A la demande de la NASA et suivie en france par la SAF et l'AFA, le 22 Juin, une journée solaire d'observation était proposée.
Cette journée, la plus longue de l'année était programmée dans pas mal de clubs astro afin de faire admirer notre étoile et de faire comprendre son mouvement apparent au grand public...

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Le soleil était bien présent, chaud chaud mais particulièrement calme.
Nous avions dressé deux fours solaires pour cuire nos saucisses, un vrai succès et un régal.

C'est aussi sur :  Astronomy Sketch Of the Day  du 24 juin 2014

Artignosc, la fête du pain

Avant le grand jour du pain, les acteurs se mettent en place sur la place d'Artignosc. Quelques vagues nuages font frissonner la surface de l'infini. La farine est dans l'eau. Le four est couleur Mars.
Une conjonction ordinaire se mue en syzygie lyrique. Et cette nuit, fatiguée du croissant, la lune se fait brioche.

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Le petit cratère que j'ai croqué à plein crayons, est appelé Lambert, c'est peut-être le nom d'un boulanger?
Au petit matin, le nez de l'astronome s'excite d'odeurs envoûtantes sur la pente du Verdon.
Ca y est, la fête bat son pain.

Le lendemain c'est autour de la région de Mayer que j'escrime mon crayon. Avec seulement 33km de diamètre et 3km de profondeur, ce cratère n'est pas des plus connus. On voit ici une toute petite partie du Sud des Carpates. Nous survolons le nord de la ligne qui rejoint les cratères Kepler et Copernic. Cette région a été balayée par le souffle dû à l'impact de Copernic.

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Un nouvel essaim d’étoiles filantes

Cet essaim était annoncé comme fameux. Son radiant est dans la constellation de la girafe (Cameleopardalids).
Pour les deux misérables étoiles filantes recensées, c’est un peu bof quand même. Ce qui par contre est très intéressant, c’est que les spécialistes ont réussi à prévoir un nouvel essaim avant toute observation, je pense qu’il s’agit d’une première, et voici les prédictions confirmées !

Faites glisser la souris sur la photo pour en voir la légende et cliquez dessus pour zoomer.

Remarquez le passage de l'ISS, très brillant.
Ci après j'ai mis le calcul rapide du Taux Horaire Zénithal, c’est à cause de la faible hauteur du radiant au dessus de l’horizon que mes 2 météores en deviennent 7, ceci signifiant que si le radiant était positionné au zénith j’en aurais compté 3 à 4 fois plus.

Ci-dessous le résultat préliminaire de l’IMO et la répartition géographique des observateurs à 18h TU.



On remarque que le THZ maximum observé aux US, il faisait jour par ici, se retrouve entre 30 et 70.

Un week-end pour observer le soleil

Nous avions organisé un week-end d’observation solaire à La Blaque mais le responsable, ou plutôt son pauvre dos, ont dû déclarer forfait.
L’observation a donc été déplacée dans mon jardin d’Artignosc-sur-Verdon.
Sur ces deux jours nous avons été 6 à observer le soleil, soit en H alpha avec la PST pilotée par Patrick, ma petite Lunt 35T et le Meade LS200 d’Yvan. Yvan avait d’ailleurs fait fort en apportant sa tente observatoire, très chic. En lumière blanche nous avions déployés la Bresser 102/1000 avec filtre objectif et une jolie lunette APO d’Antoine, toute rouge de chez William optics.
Une protubérance s’était particulièrement distinguée au limbe Est. C’était elle la « star » de la star du week-end.
Merci aussi entre autres à Olivier et à Vincent qui sont venus nous donner, qui des encouragements, qui des conseils techniques précieux.

Et voici quelques croquis souvenir, n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'aggrandir:

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Le Soleil des Saints de Glace

Malgré les Saints de Glace, cette période habituellement froide du printemps, c’est un bien joli soleil qui nous réchauffait ce 12 mai.
Avec un nombre de Wolf distingué, supérieur à 160, j’ai voulu comparer le disque en lumière blanche et celui en H alpha.
Dessin sur papier Canson à grain fin avec des crayons HB, B et une estompe. Sur la vue de gauche, pour les zones blanches ainsi que pour les protubérances j’ai dessiné en méthode inversée. J’ai dû rajouter le noir des taches, repérées au préalable sur la vue H alpha, juste après la numérisation. Pour égayer le résultat j'ai ajouté un filtre coloré sur les deux images.

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Je suis un peu honteux de voir que le diamètre de l’objectif de ma Lunt est inférieur au diamètre de la plupart de mes oculaires,… un petit pouce et demi, 35mm, quand je pense à la Lunt de 152mm de diamètre de certains de mes amis, mais comment ils font pour dessiner tous les détails ?...

Première joute d'images organisée sur AstroProvence

Deux secondes, trois peut-être,...
Avec un Dobson 12" et un oculaire de 5mm, ça donne un grossissement de 300X. Mais alors, pfiouuu ça file grave. Notre planète ne traine pas sur son axe. Venant de refaire une collimation pointue, je voulais essayer de dessiner avec cet instrument purement manuel. Une drôle d'idée. Ca veut dire centrer la zone, observer quelques minuscules secondes, 2 ou 3 pas plus, et dessiner ce qui est stocké dans ma mémoire (pas toujours très vive à cette heure diablement nocturne).
J'ai commencé à dessiner une heure après Patrick, et pendant le même laps de temps, c'est à dire de 21h45 à 23h45 TL. Crayon à papier HB, 4B, estompe, un peu de lavis bleuté et encre de Chine sur du papier à grain fin de 180g/m2.
La zone pointée est celle qui entoure le petit cratère d'impact Birt (17km). Bizarrement toute cette zone ressemble à un gigantesque cratère sans nom, rempli de lave. Au centre de ce cratère, Rupes Recta, le "mur droit" est très certainement la faille lunaire la mieux connue, elle est longue d'une centaine de km. Aujourd'hui le soleil vient de se lever sur le mur droit, l'ombre de la faille est particulièrement bien visible.

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Et voici la petite comparaison finale, centrée sur le Mur Droit, une photo prise par Michel Lefèvre, et deux croquis, le premier par Patrick qui débute en fanfare dans le croquis astro et le mien (MiT pour Michel Trois). J'ai l'impression que ce mur droit ressemble à une épée, c'était donc bien une joute!

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Comète PanSTARRS C2012-K1

Ahhh, enfin un peu de beau temps pointe son nez entre les nuages… On en a un peu ras la cagoule de jouer au jeu du chat et de la souris avec la météo.
C’est l’heure de PanSTARRS la K et unième Comète découverte en 2012. La seconde de ce nom immortalisée ici.

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Elle est très bien placée. Pas loin du zénith elle devrait vous régaler avec une magnitude approximative de 8 qui décroît (qui monte en brillance).
L’activité solaire particulière du moment, comme cette éruption de la fameuse tache AR2035, provoque sur l’apparence de cette comète des choses inattendues. Par exemple une queue d’ion non linéaire a été immortalisée par un observatoire du Nouveau Mexique.
Ci-dessous un croquis réalisé quelques heures avant celui de la comète. Il montre les dernières effluves provenant de ce groupe de taches très actif.

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Je n'ai pas vu de queue d'ions, sans doute beaucoup trop faible et d'après des photos elle s'amenuise, la dissymétrie de la coma était à peine perceptible. Quand même elle promet la belle !

Retour sur la comète les nuits du 30 avril et du 1er au 2 mai.

Ah là, cette fois je me suis régalé ! Imaginez un lieu improbable de beauté, le Lac Sainte-Croix aux eaux émeraude qui berce les gorges du Verdon et juste au dessus un ciel de rêve.
Entre les deux : l’observatoire d’Olivier Planchon, avec un télescope Newton avec un miroir principal de 620mm, une série d’oculaires Ethos tout neufs et le tour est joué.
Mes crayons se sont délectés sur la cible du moment : la comète PanSTARRS, encore assez faible, qui frôlait une bien jolie étoile double.
Mon ami Apilaure spécialiste des étoiles doubles, nous parle de cette étoile. Elle s'appelle aussi STF1758, une Struve de 1830. C'est plus que probablement une double physique car Hipparcos donne la même parallaxe pour A et pour B, donc une distance 279 AnLu. Elle tourne lentement, 15° en près de 2 siècles. ... Merci Apilaure !

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C’est sans doute l’éblouissement du matériel et de cette double serrée, qui m’a privé de la vue de la queue d’ion, je reviendrai !

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C'est aussi sur :  Astronomy Sketch Of the Day  du 20 mai 2014

Ce colombier a été construit vers 1560, à Artignosc sur Verdon.

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A cette époque les théories de Copernic laissent la place aux lois de Kepler, Mercator invente sa projection, Galilée tourne pour la première fois une lunette vers le ciel, et Mars deviendra pour longtemps une planète susceptible d’être habitée.
Le globe de gauche a été réalisé le 6 avril à 21h30 UT, celui de droite le 24 mars à 4h15 UT
Depuis la construction de cette tour, à chacune des 212 oppositions martienne, le nombre des découvertes n’a cessé de grimper. D’abord, cet astre à la couleur du sang qui grandit dans le ciel provoque la peur. Ensuite on y imaginera des canaux et des villes. Nous avons envoyé des sondes autour et sur la planète rouge, avec quelquefois des réponses et souvent de nouvelles questions. Les résultats qui nous parviennent sont innombrables et passionnants, nous vivons une époque formidable, mais il faut suivre, restons connectés !

Opposition martienne 2014

L’aquarelle. Comment peindre cette planète ?
A l’œil nu Mars nous offre une belle couleur rubis. Par ici dans le Haut-Var, le ciel est bien noir, on repère beaucoup mieux la subtile couleur des astres.

Dans son environnement stellaire, en partant du principe que le ciel est très noir et mon papier aquarelle très blanc, j’ai naturellement le réflexe de vouloir travailler en mode inversé, c'est-à-dire en utilisant les couleurs complémentaires. C’est la roue chromatique qui est alors particulièrement utilisée. Par exemple, je peins Spica en orange, puisque son spectre est de type B1, sa complémentaire est donc le bleu, Mars en bleu pour la raison inverse. Les seules touches à colorer en noir ou gris sont les lampes, et bien sûr les étoiles. De la même manière je peins le décor, c’est une gymnastique étrange et un peu acrobatique pour l’esprit. Si tout se passe bien, il ne restera qu’à inverser le document lors de la numérisation. Le tour est joué !

MARS
Avec une petite lunette, aujourd’hui bien meilleure que celle utilisée par Galilée, on y perçoit des teintes bigarrées : bistre, orange, ocre, rose, foncées et claires, et blanche pour les pôles… mais point de canaux, point de végétation, ni pont, ni village,… ni visage.

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Pour l’aquarelle de la planète, je réalise un croquis « sur le motif » à la lunette, avec les annotations nécessaires pour retrouver les teintes des différentes zones. L’aquarelle est réalisée rapidement après, en atelier. En effet réaliser une aquarelle sous une lumière rouge est impossible, même pour la planète rouge. Ici je peins en mode classique, des lavis se mélangent naturellement. Avant de sécher, les pigments volent en suspension dans l’eau. On berce le papier pour faire des vagues, jusqu’à ce que la poussière pigmentée se dépose sur les zones observées. C’est comme notre regard à l’oculaire qui recherche patiemment des détails infimes, fugitifs. Ne cherchons pas à retrouver sur la projection Mercator de la planète tous les détails, laissons cela à la technique savante et au grand talent de mes amis astrophotographes.

Ici l’aquarelle ne fait que donner le ton.

C'est aussi sur :  Astronomy Sketch Of the Day  aujourd'hui

Varages au Soleil avec AAP l'Association Astronomie Provence

Les "timbrés du ciel" offrent le soleil de et à Varages, petit souvenir :

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J'ai aussi fait une petite animation d'une belle protubérance :

attendez le chargement du GIF

Voir aussi l'aquarelle du jour sur :  Astronomy Sketch Of the Day

Les cratères Exodus, Aristote et Galle

L’âge de la Lune est de 7 jours cette nuit du 7 mars 2014.
C’est mon premier dessin réalisé à partir de la terrasse de notre nouvelle maison toute en rondeur, un colombier qui date de 1730. Nous sommes toujours dans le Var, à Artignosc sur le Verdon. Nous avons opté pour emménager sous un ciel bien noir !

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De haut en bas (du Sud au Nord)

Eudoxus
un cirque de 67 km. A l’extrémité de la chaîne du Caucase, il est bien visible avec son rempart aigu.

Aristote
C'est également un cratère d’impact d’un diamètre de 87 km et d’une profondeur de 3’000 mètres. Un petit cratère de 30 km (Mitchell) est tangent à la partie Est de la muraille.

Galle
Du même nom que le cratère martien visité par Curiosity. Sur la Lune il n’a que 21 km, alors qu’il fait 230 km sur Mars. Cette formation de 2’300 mètres de profondeur, se situe en pleine mer du Froid.

Pour dessiner cette région complexe, j’ai pris une bonne heure sur papier blanc à grain fin, deux crayons papier, une estompe et un pinceau d’encre de chine.
Ma lunette : un réfracteur de 102/1000 avec un oculaire Nagler de 2,5mm, soit un grossissement de 400x. Certains des petits cratères ont ici à peine 5km.

28 janvier 2014 - 9 février - 1er mars - Le re-retour de la tache géante

La tache AR1944 est revenue une première fois. Lorsque cela arrive on re-numérote, elle s'appelle alors AR1967. Fin février elle apparait pour la troisième fois, on lui donne le nom de AR1990.

Petit croquis fait le 1er mars à Aix-en-Provence.

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A gauche le croquis brut et à droite le croquis colorisé.

Quelques jours avant sa seconde disparition, j'ai voulu montrer la dimension relative entre la tache et Jupiter.
Ce croquis j’en ai bavé, je voulais attraper cette fameuse tache AR1944 devenue AR1967 avec une aquarelle ébauchée de Jupiter. Exercice réalisé juste pour montrer les dimensions respectives.
Le 6 février, je fait l’aquarelle de Jupiter, elle était sympa avec sa flèche de satellites qui pointe vers Europe tout au bout, à droite du champ.

Le lendemain matin vers 5hoo, le ciel était superbe pour mon « devoir d’estime » de la magnitude de la Supernova (voir ci-après), donc j’étais un peu fatigué pour le passage au méridien de notre star. J’ai attendu des heures un petit trou entre les nuages pour enfin faire ce croquis du soleil. Pour info il est particulièrement taché et actif. (Un nombre de Wolf record aujourd’hui : 234, d’après spaceweather!).
J’ai tout fait le même jour avec le même instrument réfracteur 102/1000 et le même oculaire Delos 10mm, soit à 100x.

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Vous pouvez zoomer en cliquant sur l'image.

Ici le croquis de l'apparition le 28 janvier et sa disparition au 9 février :

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Vous pouvez zoomer en cliquant sur une des images.

23 janvier 2014 - Alerte

Je reçois de l'AAVSO un message d'alerte pour le suivi d'une toute nouvelle Supernova.

Nous avons bien de la chance !
Pour tous ceux qui comme nous aiment observer la voûte céleste, que de cadeaux en cette saison ! Trois comètes visibles à l’œil nu en moins d’un an, une nova en été, une averse de météores en décembre, un soleil joliment actif et aujourd’hui une supernova, que demander de plus … Depuis près de 45 ans maintenant, pffff déjà..., je n’avais jamais vécu un pareil enchaînement d’événements !
Merci le ciel !

Le 23 nous étions six à observer cette Supernova sur le terrain de Néoules. Partie alors que les premiers insectes n’existaient pas encore à la surface de la terre, c’est avant-hier que nous en avons reçu les premiers photons.
Sa luminosité était éclatante, probablement provoquée par une collision d’étoiles naines blanches en fin de vie. Malgré que ce type de cataclysme provoque une coquille de poussière entourant l’étoile, la lumière résiduelle en est vraiment très forte. Il doit y avoir de l’ambiance dans toute la galaxie!
Pour rappel une nova, comme celle du dauphin, est une étoile qui subit un regain d’activité (voir le post de cette été), par contre une supernova est une étoile qui meurt dans un dernier sursaut, l’explosion thermonucléaire est très brève, le nuage de plasma éjecté pourrait rester visible durant quelques semaines voire quelques mois.
Ce qui est particulièrement intéressant cette fois-ci, c’est que la Supernova a été détectée avant son maximum. C’est une affaire à suivre, fort demandée par les scientifiques.

Le 24 un deuxième dessin et deux nouvelles mesures à Flassans. Voici le croquis avec la position de la supernova au sein de M82, la galaxie bien connue du cigare. M82 est particulièrement sujette à ce genre de phénomène, c’est une starburst galaxy, en français c’est une galaxie dite à «sursaut de formation d’étoiles».

Faites glisser la souris sur la photo pour retrouver la supernova et cliquez dessus pour zoomer.

Le 25 un troisième dessin et trois nouvelles mesures à La Blaque à Varages. Voici le croquis souvenir avec une partie des 17 convives venus pour admirer, entre autre, la supernova.

On a indiqué la position de la supernova au sein de M82, la galaxie bien connue du cigare. M82 est particulièrement sujette à ce genre de phénomène, c’est une starburst galaxy, en français c’est une galaxie dite à «sursaut de formation d’étoiles».

Le 3 février c'est en solo que je me retrouve sur le terrain à Néoules. Ma kangoo comme abris contre le vent et le matériel habituel, pour une nouvelle série d'estimation de magnitude. Pour la première fois j'ai détecté une couleur dans la Supernova, un rose-orangé assez proche de l'étoile de type K qui est proche de la galaxie.
Ci-dessous une petite animation qui donne une bonne impression de l'évolution de sa brillance.

A propos de la magnitude sur le site de l’AAVSO j’ai déjà introduit 28 mesures de magnitude, de 10.4 à 13.0. L'éclat est en nette diminution. C'est très compliqué d'estimer une étoile qui se situe devant une galaxie par rapport à des étoiles de référence qui sont sur le fond noir du ciel.
Voici le relevé de l'AAVSO au 12/3/2014 (mes observations sont les croix bleues) :

Déjà quatre croquis réalisés à Néoules, Flassans et Varages.
Mes amis astro-photographes ne sont pas en reste! Voici une comparaison de leurs images centrée sur la SN.

On espère encore tous de belles observations, en photo et croquis. Le saviez-vous ? une supernova ça fait rêver mais aissi voyager. J’ai appris cela !
C'est encore et toujours une affaire à suivre,...

L'aquarelle du jour sur :  Astronomy Sketch Of the Day

6 janvier 2014 - Une tache solaire géante

La tache AR1944 est impressionnante. A l'aide de simples lunettes pour éclipse elle est facilement visible à l'oeil nu.
L’année commence bien pour les amateurs d’astronomie solaire !
Pour le croquis préalable j’ai observé via mon réfracteur 102/1000 avec un oculaire Delos de 10mm et un filtre objectif (en lumière blanche).
Pour l’aquarelle le papier utilisé est très particulier, il s’agit d’un papier 50% coton au grain « extra rough » ce qui donne cet aspect de granulation solaire un peu fort mais sympa.
Le papier boit beaucoup, le mistral a mis plus d’une heure à le sécher pour que je puisse y déposer les taches. La couleur du disque est du cadmium orange et les ombres et pénombres sont faites au gris de payne. Le diamètre du disque solaire est de 26cm sur l’aquarelle originale qui mesure 30/40 cm.
A cause de la turbulence j'ai dû attendre plusieurs heures une vue convenable pour sortir les détails. Un peu avant le passage au méridien, vers midi l'atmosphère était bien stable, j'ai pu enfin en profiter.
Entrepris à 10h du matin j'ai fini le travail à 14h45.

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Cliquez sur l'image, elle est grosse mais vous obtiendrez tous les détails.

Le 14 janvier à l'opposé de cette tache et au moment où elle disparaissait à notre vue, un joli pont de plasma s'est élevé dans la couronne solaire. J'aime bien dessiner ces ponts, ils sont souvent très artistiques. Celui-ci était très fin, j'ai pu observer sa lente évolution.

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Petit décompte : En 2013 j'aurai réalisé 133 croquis de notre étoile lors de 41 journées parmi les plus intéressantes, en lumière blanche et H alpha. Un record.

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    © Michel Deconinck / Aquarellia